L'édito du 9 nov
Banlieues
La télé en fait-elle trop ?
C’est une interrogation qui revient en permanence aujourd’hui dans le grand public : les télés en font elles trop sur la couverture des événements en banlieues ?
Alors pour répondre de la façon la plus froide possible, il faut analyser les faits et plus particulièrement les images.
Dans les premières 48 heures, on a vu déferler un flot d’images ininterrompu sur nos écrans, des voitures brûlées, des affrontements, de la violence. Puis très vite la situation a fait tâche d’huile en France et les rédactions ont modifié leur approche. Terminée la parole donnée aux casseurs, ce sont les victimes qui sont apparues sur nos écrans. Telle habitante de citée qui n’ose plus sortir avec ses 6 enfants, tel chef d’entreprise issue lui-même de la banlieue et qui a tout perdu, ou encore cette femme en pleure qui demandait aux casseurs de cesser de détruire l’endroit ou ils vivent.
Mais cela n’était pas forcément suffisant, et certaines rédactions télé ont décidé d’aller encore plus loin. Ainsi, il y a 48 heures, Paul Nahon, le patron de l’info de France 3 a donné pour ordre à ses rédactions de plus communiquer chaque soir le nombre de voitures brûlées en France, afin que celui-ci n’apparaissent pas comme un défi, que les casseurs ne se disent pas « tiens il y en a eu 1.400 hier on va essayer de monter à 1.500, cette nuit. »
Sur France 2, Arlette Chabot a demandé à ce que les noms des cités dans lesquelles se déroulent les incidents ne soient plus donnés à l’antenne ; il s’agit là d’éviter une concurrence entre bandes rivales.
Sur TF1, c’est une autre décision qui a été prise, celle de ne quasiment plus jamais montrer à l’image de voitures en flamme, afin que les délinquants ne puissent pas se servir de cela comme d’un trophée.
Reste le travail des journalistes sur le terrain. Il est vrai qu’une équipe de télé est plus nombreuse et plus visible qu’un journaliste de presse écrite ou qu’un journaliste radio. Les équipes de télé sont aujourd’hui de véritables cibles, désignées par les jeunes. A France Télévision certains reporters travaillent la nuit avec un casque sur la tête, car il arrive qu’on leur jette des boules de pétanque du haut des immeubles. A TF1, on a pris une autre décision celle de ne pas aller chaque nuit dans les banlieues pour ne pas servir de catalyseur à cette tension.
Alors, inutile de chercher des coupables ou des boucs émissaire parmi les journalistes, qu’ils soient à la télé, à la radio ou dans la presse écrite. Dans cette affaire les journalistes français ont agit avec beaucoup de responsabilité. On ne peut pas en dire de même de certains chaînes de télé étrangères qui continuaient hier soir encore a affirmer : la France est en feu !