Justice
Un journaliste peut il refuser
d'aller sur un terrain de guerre ?
Un journaliste qui disait avoir été licencié par la chaîne américaine ABC à cause de son refus de travailler en Irak a été débouté lundi par une juridiction d'appel des prud'hommes de Londres.
Le tribunal a admis qu'ABC, comme la chaîne l'a toujours soutenu, n'envoyait de journalistes dans les zones de conflit que sur une base volontaire. Richard Gizbert, 48 ans, avait gagné en première instance en décembre 2005 et s'était vu attribuer 2,2 millions de livres (3,2 millions d'euros) de dommages-intérêts pour licenciement abusif.
Le juge Peter Clark a statué en appel que le reporter canadien n'avait reçu "aucune obligation contractuelle ou autre" de se rendre en Irak. Il a recommandé une nouvelle réunion du tribunal des prud'hommes, afin d'examiner si d'autres raisons que celle invoquée jusqu'à présent par M. Gizbert pouvait permettre à celui-ci de dénoncer un éventuel licenciement abusif.
"Chez ABC News, nous avons toujours adhéré au principe inviolable selon lequel la couverture de sujets comportant des risques personnels devait être strictement volontaire", a réagi lundi David Westin, le PDG d'ABC News. "Nous avons amplement démontré", a-t-il ajouté, "que ceux qui ne veulent pas se rendre dans les zones de guerre ne s'exposent à aucune conséquence".
Richard Gizbert a annoncé de son côté qu'il ferait appel, réitérant que "la principale raison" de son licenciement avait été son refus d'aller en Irak.