Enquête
Les dessous de la photo
de Ségolène à la plage !
C'est le sujet du moment dans toutes les rédactions. La presse people doit elle s'attaquer aux politiques. Closer et VSD ont semble-t-il ouvert une brêche en publiant les photos de Sarko et Ségo à la plage. Le Monde publie une enquête sur les coulisses de cette photo.
Extrait
Lorsqu'en 1989 Axel Ganz, alors patron de Prisma Presse, fit de Voici le premier magazine "paparazzi" en France - photos non autorisées violant la vie privée - il réclama très clairement à sa rédaction de ne pas s'attaquer à la politique française. Les élus eux-mêmes avaient pourtant, depuis quelques années déjà, cédé à la tentation de mettre en scène leur vie privée. Mais M. Ganz jugeait à la fois ce marché commercialement peu porteur et la politique un sujet encore trop sacré en France pour qu'un groupe de presse dirigé par un Allemand, s'y attaque.
La génération qui est aujourd'hui aux commandes d'une presse "people" en pleine expansion dans toute l'Europe, n'a plus ces réticences. Cette semaine, deux magazines français, Closer et VSD, ont ainsi publié des photos de Ségolène Royal en maillot de bain, accompagnée dans VSD de son compagnon François Hollande et de sa fille aînée. Les clichés, pris "par un photographe professionnel effectuant une planque, depuis plusieurs jours", explique le responsable du service photo d'un magazine à qui ils ont été proposés, ont été négociés "en deçà de 10 000 euros, soit infiniment moins qu'une photo de star de cinéma."
Mme Royal y a vu, selon son entourage, une "atteinte à sa vie familiale", même si la présidente PS de la région Poitou-Charentes "ne veut pas donner à ce fait plus d'importance qu'il n'en a." Toutefois, après avoir un temps hésité à attaquer VSD qui montrait sa fille le visage "flouté", Mme Royal a renoncé à porter plainte contre les deux magazines, même si ses proches ne cachent pas qu'elle a jugé leur traitement "très vulgaire". (...)
Philippe Labi directeur de la publication de VSD (du groupe allemand Prisma Presse qui compte également Voici et Gala), explique : "Ces photos ne traduisent pas une "peopolisation" des politiques mais plutôt un changement de style et de génération. Ségolène Royal comme Nicolas Sarkozy apparaissent amincis, bronzés. Ils sont en précampagne électorale. Ils savent qu'ils peuvent être photographiés. On a publié ces photos car Mme Royal est à son avantage. Il n'y a pas d'agressivité dans le visuel."
Laurence Pieau, rédactrice en chef de Closer (du groupe italien Mondadori) reconnaît pour sa part : "C'est la première fois que l'on publie des photos d'une personnalité politique. C'est d'ailleurs aussi la première fois qu'un photographe nous en propose. Pour nous c'est une décision exceptionnelle. Cela ne veut pas du tout dire qu'on publiera demain des photos de Sarkozy en maillot de bain. Mais on n'a pas le sentiment d'ouvrir une brèche."
Mme Royal n'est d'ailleurs pas la première responsable politique à être victime de paparazzi. Si en 2001, les magazines people avaient renoncé à publier des photos montrant Jacques Chirac en tenue légère, en vacances au fort de Brégançon