Enquête
Télé
Ils sont devenus fous !
Le Nouvel Observateur consacre ce matin un gros dossier au dessous du Star Systéme et en particulier à la télé.
En voici quelques extraits.
" Ils gagnent des fortunes. Portent leur notoriété comme un fardeau, mais s'ouvriraient les veines si on les retirait de l'antenne. Les stars de la télé, ces nouvelles icônes, incarnent les dérives de la société du spectacle. A la veille de cette rentrée, alors que la guerre des chaînes fait rage plus que jamais, on se les arrache à coups de millions comme les footballeurs. Véronique Groussard et Claude Soula ont enquêté de l'autre côté de la lucarne."
Ils sont prêts à tout pour monter sur le manège. Ou pour y rester. Et, dans la torpeur de l'été, ils se rongent encore les sangs. Pourtant, tout ou presque est joué. Mais sait-on jamais avec ce PAF tourneboulé ? Un patron de chaîne qui pique un coup de colère, un rival qui vous poignarde dans le dos, une clause du contrat mal rédigé... et les promesses faites quelques semaines avant s'écroulent comme un taux d'audience entre 2 heures et 6 heures du mat sur une chaîne du câble. (...) Car, malgré la dureté des temps, ils n'échangeraient leur place pour rien au monde. L'argent, la gloire, la vie de palace ? Bien sûr. Mais il est un autre plaisir très particulier auquel ils ne veulent renoncer : l'antenne. Attention, drogue dure ! Ceux qui y ont touché deviennent presque tous accros. Et ils vivent avec la même crainte : ne plus avoir leur dose.
A partir d'un certain niveau de célébrité, les animateurs quittent le monde des simples mortels. Il faut avoir vu Jean-Luc Delarue lors du dernier Téléthon : on lui tendait les enfants à embrasser comme s'il était le pape. De fil en aiguille, certains conjuguent popularité et populisme, tel Karl Zéro (sur Europe 1), parlant de ses anciens patrons de Canal+ : «Moi, quand je sors dans la rue, au-dessus de mes lunettes, sur mon front, il y a marqué Karl Zéro, Canal+. Ces gens-là, quand ils vont dans la rue, ils sont qui?»(...) L'argent L'argent coule à flots, le niveau de vie s'envole. «Les banquiers auraient pu me prêter au-delà du raisonnable», se rappelle le Michel Field de la période TF1, celle où il encaissait 300 000 francs par mois (aujourd'hui il est à 15 000 euros par mois sur LCI sans compter son cachet sur Europe 1). Les chaînes, elles, demandent juste un minimum de discrétion à leurs animateurs, histoire de ne pas se couper des téléspectateurs. Ainsi, cette année, TF1 a fait la leçon au couple Flavie Flament-Benjamin Castaldi, qui s'était un peu «laissé aller » lors de ses dernières vacances : jet privé, bateau de 35 mètres, etc. Facture, selon le magazine « Closer » : 225 000 euros... A l'opposé, Jean-Pierre Pernaut (TF1), bon soldat, se montre avec son chariot devant un hyper pour faire populo. Rester « proche du public » tout en le faisant rêver. Un métier. Et une question de survie.(...) «En général, vous apprenez votre sort par la presse, résume Drucker. L'angoisse et le doute sont tels qu'ils diminuent votre plaisir un peu plus chaque année. Les femmes s'interrogent : lifting? Pas lifting? Un dirigeant de France Télévisions a dit récemment à un animateur : «Bientôt, il n'y aura plus de cheveux blancs sur la chaîne.» Vous imaginez?» Fogiel et la presse Marc Olivier Fogiel raconte ses relations, pas toujours simples avec la presse. Extraits "J'ai la chance aujourd'hui qu'on accepte de parler de moi sans photographier mon intimité ! Ces dernières semaines, j'ai pourtant encore eu une dizaine de propositions, dont certaines financières - de l'ordre de 15 000 euros. Une agence m'a même proposé 75 000 euros pour simuler un retour sur les traces du tsunami... J'attaque tout paparazzi par principe, même si la photo n'a rien de compromettant.(...) J'étais en vacances en Thaïlande lors du tsunami. Je me suis occupé de certaines personnes en grande difficulté financière, je suis intervenu pour qu'elles soient remboursées... Quand je suis rentré, une rumeur parisienne persistante m'est revenue : j'aurais marché sur les cadavres pour attraper le premier avion et rentrer en France en première classe tout en réclamant le remboursement de mes billets ! C'est exactement l'inverse qui s'était passé. Là, tout d'un coup, votre image devient un poids". |